Jeudi matin j’ai ouvert les yeux sur la lumière estivale de Paris. Les températures étaient – originalement – très douces. Chaque année, c’est la même chose. Bien avant la Floride, bien avant Hong Kong aussi, je décidais de sécher Serralongue pour l’été à venir, mais toujours je m’y retrouvais. 2016, c’est pareil. Il a suffit d’un rêve un peu trop lointain, d’un appel trop fort de la nature, de quelques souvenirs si embellis par la force du temps, pour que je change d’avis. Serralongue fut avec moi. Les montagnes de mon enfance aussi. Comme chaque année alors, je me suis replongée en famille dans les albums – ces personnages en noir & blanc, à Saïgon et ailleurs – dans la construction de la maison en 1890 – Partout, je l’ai vu, ce grand-père chéri – Et puis j’ai consommé les apéritifs en famille avec le même plaisir. Les lendemains sont identiques dans les petits villages, dans le mien en tout cas. Quelques verres de trop rougissent un peu plus les visages d’une année sur l’autre, des petites ridules apparaissent, les jeunes passent de 1 à 2, puis 3. Personne ne part, jamais. Sinon vers l’au-delà. Cette maison me murmure à chaque fois « respire, ce n’est pas grave », m’aide à faire le point sur le passé – à appréhender le futur – Elle est toujours là. Elle et les spécialités locales, elle qui nous a vu depuis 5 générations naître, grandir, sourire, pleurer, sortir, manger, hurler de rire, danser, aimer, à la folie. De cette maison, je garde tout. Je garde l’exaltation des sens et la grande hâte de revoir celui que j’ai aimé pour la première fois. Je garde les retrouvailles entre copines, les tags sur les arbres, les parties de pétanque et les balancoires. Je garde tant de chansons, des clips montés à la vieille caméra et des photos en relief qui immortalisent quelques-unes des plus belles tranches de vie. Je garde les bals de village, les plus belles tenues et les vieux habits des années 30 qui servent de déguisement. Je garde les « chuuut », les jumelles que l’on se passe de main en main pour observer, les plus grands drames familiaux et la complicité des soeurs, bien après la bataille. Je garde tous ces mots que je m’écrivais d’une année sur l’autre pour les retrouver et faire le point. Je garde les barbecues, les fleurs, les abeilles qui nous font hurler en fermant la bouche, les grimaces, les jeux, les parties de cache-cache, les attentions qui ont fait naître une toute nouvelle manière de dire notre complicité malgré les kilomètres qui nous séparaient l’année scolaire.
Je garde mon Conjurador que j’ai décidé de vous montrer dans cet article.
Je garde tous ces petits riens qui représentent tellement, tellement pour moi.
Robe : Zara (ancienne collection) – Chapeau : Vintage – Chaussures Asos – Montre Kapten & Son
Si vous avez une maison de famille dans un village ou ailleurs, vous savez de quoi je parle…
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