Hier j’ai eu 25 ans. J’ai eu 25 ans alors que les temps sont durs en France. Il y en a beaucoup qui disent voyager, moi je me suis échappée de ce pauvre mais magnifique Paris qui ne collait plus à ce que je suis. J’ai eu 25 ans en 2013, Hollande au pouvoir, pratiquement diplômée, des amis de longues dates, ceux que l’on garde. J’ai eu 25 ans et je l’ai senti. J’ai pleuré quelques jours avant et quelques jours après. On me demande encore mon ID pour rentrer en boite de nuit ici donc ça va, je crois. A 20 ans je me sentais petite, aujourd’hui je crois avoir grandi, avoir fait un certain travail sur moi même qui consiste à se connaître même si la combinaison n’est pas encore parfaite. En 5 ans je me suis relevée d’un amour d’adolescence, j’ai décidé d’avoir mal au cœur pour finalement me rendre compte que j’étais plus heureuse à m’enivrer d’amitié, mais que c’était beaucoup plus facile aussi. Parlons-en des relations, si il est envisageable d’y comprendre quelque chose maintenant. En 5 ans, plus de termes ont été crées que de possibilités. Je crois que je crois à ce romantisme encore aujourd’hui. Je crois surtout à ce bonheur de pouvoir être là, au même moment, durablement. Je crois à l’amour des vrais sentiments. A 25 ans je mets des mots sur des démons de l’enfance. A 25 ans je fais ce que j’ai envie de faire, je n’attends plus que la société me conditionne, que mes parents me guident un chemin qui ne serait pas le mien, j’en ai fini avec le « moi aussi » dicté par des exemples que te donnent naturellement la vie. Bien sûr j’ai des idéaux et des repères inspirés de l’Art, de la Littérature. Mais je crois que mon Moi se dessine. Celui que je bouleverse et en qui je cherche les limites. Je ne dirais pas que ces 5 dernières années ont été plus riches que toutes celles des expériences de l’enfance et de l’adolescence mais ces 5 dernières années m’ont permis d’exorciser les années passées, de comprendre le rôle de la famille et des morsures, séquelles qui permettent de se relever, d’apprendre, de transmettre un jour, j’espère. J’ai 25 ans, je suis très loin de me sentir vieille, je me sens même si jeune par moments. J’ai un premier salaire, des fiches d’impôts qui vont arriver, une vie facile que j’ai choisi. 25 ans pourquoi est-ce si symbolique ? Je crois qu’enfant c’est l’âge auquel tu te vois accompli. Je suis heureuse de ce choix de vie qui a été d’un naturel inattendu. Je crois que ma plus grande fierté est d’avoir réussi à conserver mes amis et surtout d’avoir ces amis là. Si optimistes et si présents. En fait 25 ans je crois que c’est un âge qui a ses spécificités, c’est un âge perdu, seul comme étriqué. Trop loin de l’irresponsabilité des 20 ans mais pas encore celui des 30 ans qui nous semble étranger actuellement. 25 ans pour moi, peut-être pour toi ? c’est le renouveau d’un style : j’adore porter mes grosses baskets que je refusais teenage’, j’adore porter mes ballerines plates alors que je ne jurais que par les talons vertigineux à 20. A 25 ans, je commence à enseigner un savoir aux plus jeunes, à distiller des conseils de vie, à avoir des responsabilités professionnelles moi qui il y a encore quelques mois était stagiaire. Je me sens encore aujourd’hui juste encore stagiaire de la vie. Je commence à me sentir quelqu’un vis à vis d’autrui en faisant semblant d’en assumer les prémisses. 25 ans c’est l’âge du démarrage des projets, c’est l’âge ou l’on devient quelqu’un. L’âge ou l’on choisit finalement… Je viens de regarder la conférence TED de la psychologue Meg Jay intitulée « Pourquoi la trentaine n’est pas la nouvelle vingtaine. » J’aime beaucoup ce qu’elle dit, j’aime beaucoup cette citation de Leonard Bernstein qui veut tout dire et qui regroupe un paquet de choses essentielles à la réussite d’une vie : « Pour faire de grandes choses, il faut avoir un plan et pas assez de temps. » Autrement dit, tout se joue maintenant.