Il est très tôt aujourd’hui, 14H00 et très tôt, d’habitude, c’est le rush à cette heure-ci. Il est très tôt aujourd’hui, je suis accroupie devant ma fenêtre, je regarde la fumée des voitures, les rires de ceux du bars, les talons se faire la malle. J’entends tout de chez moi, le Paris bruyant, presque terrifiant. Cela fait tant de temps. Tout ici est course permanente, les mois défilent, les gens se bousculent, on me raconte comment je suis parce que je ne suis plus. Avant, une de mes obsessions, était : « quand est-ce que je reviens sur Paris » ou « je suis trop fan de ma vie ici, parisianiste », c’était ma bouffée d’oxygène, mon bol d’air, ma soupape. Dévaliser les boutiques, boire un verre, dîner, rencontrer de nouvelles personnes. C’était bien, j’en avais besoin. Il y avait moi et lui. C’était mieux que tout. Je me levais, je le voyais, rien d’autre ne comptait. Il me portait toujours, ses bras m’accueillaient. Je marchais à ses cotés, ne m’en lassait presque jamais. La passion a débuté en 2010, dans le 6ème dans un petit havre de paix. Il y avait un grand jardin autour du mini espace qui surplombait la vie. Je me sentais reine, princesse d’une ville, belle. Ses lumières m’animaient, je l’embrassais le jour, m’enivrait de ses offrandes la nuit, était fière. Maintenant que j’ai vécu ailleurs, que j’ai été libre, que je n’ai jamais eu peur, j’ai envie de me brûler les ailes. On me dit que c’est parce que je n’aime plus, j’aimerais bien aimer, m’étonner du soleil, parler de la pluie, n’être plus fatiguée, me contenter des terrasses, du vélib, du français, de mes chiffres. Je pourrais être dehors et sortir, la nuit. Je pourrais mettre des talons trop haut pour plaire à un homme qui a peur. Je pourrais m’enquiller des verres de rosé, être pauvre le lendemain, être trop joyeuse pour être lucide, je pourrais être heureuse de tout ça mais je ne peux pas. Alors je regarde les photos d’une trop bronzée, d’une trop blonde, à la mer, dans le désert, les photos d’une fille heureuse, vibrant de decouvertes, de rencontres etrangères, c’est moi. Plutôt c’était moi. Avant, je me trouvais jolie souvent. Alors je pars. Je pars parce que c’est ma ligne, parce que c’est comme ça. La monotonie m’ennuie. Je ne veux pas vieillir dans mes fringues d’hiver, je ne veux pas passer a côté de toi, de vous, que je connaîtrai bientot, de cette spiritualité, de ce peuple que j’avais déjà failli rencontrer il y a quelques années. Je ne veux pas attendre les vacances pour vous effleurer sans même vous comprendre, vous parler en pensant vous connaître, prendre des photos vides de sens. Voilà je pars. Parce que je pense que le plus beau reste a venir. Et je t’aime Paris. Je ne t’ai jamais autant aimé depuis une année. Je vais te faire valdinguer entre les grattes ciel, je vais raconter tes putins de pavé sur lesquels j’ai bousillé les talons de mes souliers. Ce matin je me suis battue avec ton ciel pour profiter du soleil, j’avais fait une promesse a l’été de me dénuder si il arrivait, de troquer mon noir contre la couleur qui rend gai. Chose faite. Je pars, loin de toi, en Asie, dans 16 nuits.
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